lundi 17 octobre 2011

Une Histoire Incroyable


Le fabuleux destin de Marie Diongoye Konaté, l'Insubmersible
PKL pour Protein Kissée-La est la 1ère entreprise de production d’aliment pour bébé au sud du Sahara (en dehors de l’Afrique du Sud) et numéro 2 sur le marché ivoirien où l’on retrouve des multinationales telles que Nestlé, et autres.
Derrière le succès de cette entreprise spécialisée dans la fabrication des farines infantiles à base de soja et de maïs produits en Côte d’Ivoire, se trouve cachées une femme et une histoire aussi passionnantes que tumultueuses.

Marie Diongoye Konaté constate que dans ce pays on consomme ce que l’on produit et ensuite on exporte le surplus alors qu’en Afrique, on importe ce que l’on consomme et exporte ce que l’on produit. Son pays d’accueil est le 1er producteur mondial de soja, 2ème producteur mondial de maïs, etc. Ce qui la subjugue, c’est que l’Afrique et la Côte d’Ivoire particulièrement produisent également toutes ces commodités, mais en si faible quantité qu’il faut importer du riz (aliment de base) du maïs, du soja, du sucre. 
Sa conviction est faite : Il faut absolument qu’en Afrique, on transforme, on valorise, et on crée des emplois.

Issue d’une famille aisée, fille d’un ancien ministre des Finances du Mali et fonctionnaire international, Marie est Ingénieur architecte de l'Université de Genève, Polytechnique de Lausanne. Au début des années 1990, elle est envoyée en Côte d’Ivoire à la DCGTX devenue BNETD pour monter un projet Soja à Touba et à Odienné, dans le cadre d’un projet de 30 milliards de F CFA financé par la BAD, la coopération brésilienne et les paysans ivoiriens.
Elle a un très bon salaire, villa, voiture, voyages gracieusement offerts mais ses objectifs vont au-delà. Elle se demande pourquoi la Côte d’Ivoire qui produit du soja et du maïs ne peut-elle pas produire des farines infantiles justement à base de ces céréales ? Pourquoi les bébés africains sont-ils nourris de farines importées ? 
En Janvier 1994, elle part de la DCGTX et abandonne tous les avantages de Directeur-adjoint du projet Soja.

Ses parents sont outrés ! A l'annonce de la nouvelle de la démission de leur fille, ils la sermonnent et essaient de lui faire entendre raison. Mais Comment comprendre que quelqu'un puisse quitter un poste avec autant d'avantages pour aller s'installer dans un petit coin du marché populaire d’Adjamé à Abidjan?

Ses parents finissent par accepter sa décision qui la mène sur les sentiers tortueux de l’entreprenariat en Afrique. Sa 1ère difficulté, elle la rencontre avec les institutions financières internationales qui posent des conditions non-réalisables. « La BAD et la SFI ont trouvé mon projet fascinant, mais l’une de ses institutions après avoir pris plus de 2 mois pour examiner mon dossier, m’a dit qu’elle ne finançait pas de projets en dessous de 300 millions F CFA avec un apport du promoteur de 100 millions. Une autre m’a dit que mon projet n’était pas viable parce que j’allais chasser dans la cour d’une multinationale bien connue en Afrique et que mon idée avait peu de chance de prospérer ». Révoltée à l’idée de voir le continent africain dominé par les multinationales, elle n'abandonne pas le combat pour autant. Avec 400.000 F CFA comme fonds propres, elle s’achète un broyeur. Elle trouve sur son chemin des gens qui croient en elle. Le CEPICI (Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire) l’aide à monter son entreprise en moins de 6 mois. Avec un ex-collègue français de la DCGTX qui venait de perdre son boulot, elle se met au travail. A plusieurs reprises, elle a envie d'abandonner.

Son 1er prêt, elle le doit à la CFD (Caisse Française de Développement) devenue depuis AFD. Elle reçoit 40 millions F CFA qu’elle va d’ailleurs rembourser par anticipation, provoquant l’estime de ses créanciers qui n’en reviennent pas alors même qu’aucune de leurs clauses de financement ne le prévoyait. 
Le déclic va arriver quand des amis Suisses de ses parents lui prêtent de l’argent pour agrandir ses ateliers et acheter des équipements qu’elle implante dans la zone industrielle du Vridi. D’Adjamé à Vridi, le rêve commence à prendre forme.

Un jour, sur le chemin du retour des champs de soja où elle était allée dire au revoir aux paysans, elle découvre quelque chose qui attire son attention ; elle trouve empilés dans un coin d’une station service des sacs sur les quels étaient écrit CSB (Corn Soil Blend – Mélange de Maïs et de Soja tout simplement). En se renseignant, elle apprend que c’étaient des aliments importés destinés aux refugiés libériens et c’était à 100 km seulement de la plus grande zone de production de maïs et de soja de Côte d’Ivoire. Le déclic est tout de suite arrivé car elle ne savait pas qu’il existait des organismes d’aide alimentaire en Côte d’Ivoire. Elle a saisi l’occasion pour faire le tour de ces organisme et de leur proposer d’acheter ces produits localement et de ne pas pousser les populations à l’assistanat en leur important des aliments produits localement ».

En 1997, l’Union Européenne lui donne son 1er gros marché (Une commande de 980 tonnes de CSB). Après les tests de certifications effectués à Bruxelles, les résultats sont concluants et la bonne qualité de ses produits est attestée. Il s’en suit alors une autre commande de 500T. Les succès s’enchainent, PKL (qui signifie littéralement Protéines issues de la graine en langue dioula) rafle avec sa marque Farinor dès 2001 le 1er prix de l’innovation organisé par le Ministère ivoirien de l’Industrie.

Convaincue que seuls la passion et l’amour du continent africain permettront de sortir du sous-développement, Marie s’entoure d’une équipe d’ingénieurs industriels, nutritionnistes et de chercheurs auxquels elle accorde une grande liberté d’initiative. Elle garde principalement son personnel des débuts de l’aventure, avec tous les droits, y compris contrats de travail, bulletins de salaires et Assurance maladie.
Ses performances réalisées en toute transparence et respect des règles juridiques, fiscales et sociales auraient suffit pour faire de Marie une jeune entrepreneuse tranquille, heureuse de jouir librement de la Médaille d’officier de l’ordre du mérite qui lui a été décernée en 2002 par le Président de la République. Depuis plus de 10 ans, elle est constamment sous menace d’expulsion du domaine qu’elle occupe dans la zone industrielle. Sans le savoir, la jeune femme dit avoir été entrainée au milieu d’un litige foncier dont elle ne comprend pas toutes les ficelles, en dépit des arguments émis par le CEPICI en sa faveur. Et comme si cela ne suffisait pas, elle découvre en 2006 des déchets toxiques de l’effroyable Probo Koala déversés à quelques dizaines de mètres de son usine. Elle arrête tout. Joue la transparence et informe ses clients et fournisseurs et part en campagne contre les pollueurs. Elle assigne devant les tribunaux la ville et le port d’Amsterdam ainsi que l’Etat hollandais. Quand à L’Etat ivoirien, celui-ci reconnaît les dommages, mais ne lui rembourse que le tiers des 1,5 milliards de francs perdus dans cette catastrophe.

La charte anti-corruption de PKL interdit de payer au-delà de ce qui est dû ou de payer un kopek à un agent public. Malgré toutes les tentatives insidieuses ou visibles pour la noyer, Marie tient solidement la barque PKL.

Source : http://elitesivoiriennes.ivoire-blog.com

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